đ Dimanche inspirĂ© par Laura Raim, et son Ă©mission ultra-documentĂ©e quâon adore : Les idĂ©es larges sur @artefr, oĂč elle rĂ©pond en 20mn Ă des questions qui grattent. En cette semaine oĂč le mot le plus rĂ©pĂ©tĂ© en France aura Ă©tĂ© « travail » (juste aprĂšs « aĂŻeouhlalaonsâlespĂšle! »), notre attention a Ă©tĂ© captĂ©e par lâĂ©pisode Et si on travaillait toutes et tous gratuitement ?Â
Stagiaires, bĂ©nĂ©voles, blogueurs.euses⊠qui nâa jamais travaillĂ© gratuitement ? On ne parle pas ici de travail forcĂ©, dâesclavage mais bel et bien de travailler de son propre grĂ© et sans rĂ©munĂ©ration.
Bien sĂ»r, le travail domestique est un gros dossier. Câest Ă lui que remonte lâanalyse de cette forme de travail. Câest non-seulement un travail non-rĂ©munĂ©rĂ©, mais aussi dĂ©niĂ©, y compris par ses actrices : « mais enfin, il ne me viendrait pas Ă lâesprit de considĂ©rer mon rĂŽle de mĂšre comme un travail » nous confie une mĂšre de 4 enfants.
Â
Câest dâailleurs lĂ un point de tension du sujet. Le travail gratuit est fait au nom de valeurs personnelles (maternitĂ©, solidaritĂ©, passion). LĂ oĂč le bĂąt blesse, câest quand on met en lumiĂšre que ce travail peut finir par bĂ©nĂ©ficier Ă quelquâun qui en tirera de « la valeur », alors que vous faites cela « par valeurs ».
 Alors, à qui profite la « trime » ?
Les chercheuses pointent le patriarcat dâabord, puisque dans ce modĂšle, lâhomme exploite la femme. Mais aussi le capitalisme pour les fĂ©ministes marxistes, puisque cette activitĂ© domestique entretient le travailleur en Ă©tat de travailler.
Aujourdâhui, le travail non rĂ©munĂ©rĂ©, mais surtout son exploitation, se rĂ©pandent au-delĂ du genre, car elle sâinstitutionnalise, les services publics y recourant de plus en plus et le « hope labour » (travailler gratuitement dans lâespoir dâĂȘtre embauchĂ©) se banalisant.
On ne parle mĂȘme pas ici du fait quâen 2022, comme tous les ans et Ă cause de lâinĂ©galitĂ© salariale, les femmes ont travaillĂ© gratuitement Ă partir de 4 novembre. Car ce travail est non rĂ©munĂ©rĂ© mais bien reconnu comme du travail.
La recherche pionniĂšre des scientifiques sur lâexploitation du travail gratuit fĂ©minin fournit les outils pour les penser, initiant ce fascinant processus qui fait de la pensĂ©e, une parole; et de la parole, une action.
La bonne nouvelle câest quâen se gĂ©nĂ©ralisant, cette lutte a toutes les chances de sâaccĂ©lĂ©rer Les choses bougent dĂ©jĂ . Des blogueurs amĂ©ricains ont menĂ© une class-action contre un mĂ©dia vendu des millions et reposant presquâentiĂšrement sur leur travail gratuit.Â
Â
đŹïžÂ Alors, on inspireâŠ. on souffle âŠ. et on remercie les auteur.e.s de ce travail Ă©clairant, car une femme avertie en vaut des millions !
Article rédigé par Anne Rouquier
0 commentaires