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👊 Ce dimanche, Paris-Yesterday est très inspiré par Annie Ernaux, femme pionnière car 1ère lauréate française du Prix Nobel de littérature. Pionnière également dans sa façon d’être femme et féministe dans son oeuvre. Affranchie des interdits de posture établis par les générations de militantes précédentes, elle peut être conformiste, mariée, voire parfois dominée par un homme & en même temps débusquer la domination masculine là où elle reste tapie. Son travail agit aux 2 bouts de ce spectre en décrivant librement son ‘expérience d’être femme’. Elle source son récit dans le quotidien et dans la confrontation des idéaux à la vie réelle, expérimentée, avec sa tonne de contradictions. 

D’un côté, il y a une distance avec un féminisme théorisé. Dans la Femme gelée (1981), elle raconte comment la lecture du Deuxième Sexe la marque au point de décider de ne pas se marier… et puis comment elle finit par se voir le faire. Libre d’être paradoxale. Dans Passion simple (1994), elle rend compte de sa relation avec un homme qu’elle passe son temps à attendre, avec tout ce que cela peut avoir d’humiliant… Libre de s’aliéner. 

Et de l’autre côté, grâce à cette liberté de regard, elle braque les projecteurs sur les endroits où se niche l’aliénation, pratiquant une sorte de féminisme du quotidien & d’investigation. Par son style simple, parlé, avec une ponctuation intuitive suivant sa voix intérieure, elle nous capte comme des images le feraient. La Femme gelée, est une lente description atrocement précise de la progressive congélation de son être profond, noyé dans l’expérience de la vie maritale puis de la maternité. Avec 30 ans d’avance, elle y révèle ce qu’est la charge mentale mieux qu’un essai de sociologie et outille ainsi toute une nouvelle génération féministe pour le prochain combat. 

Annie Ernaux éclaire, montre, élargissant notre réalité perçue. C’est un talent salutaire pour tout ce qui doit émerger dans les consciences, car à la fois partout et pas encore vu, pas nommé, et donc pas questionné. Elle matérialise l’invisible. C’est presque le Nobel de physique qu’il aurait fallu lui décerner.

 

Article écrit par Anne Rouquier 

Crédit photo :@lucasdestrem

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